« Vampire Survivors », le jeu à succès d’un développeur qui voulait juste passer le temps


Une soirée compliquée pour notre héros.

Imaginons une scène parfaitement fictive : un vendredi après-midi, vous vous trouvez pris d’une subite flemme au bureau et décidez de prendre une pause. Vous pourriez consulter mollement Facebook et TikTok, traîner sur vos sites d’information préférés ou boire un café (ce qui, à cette heure-ci, serait déraisonnable). Ou bien vous pourriez massacrer, pendant trente minutes, des milliers de zombies et de goules à l’aide d’armes ésotériques. Ce dernier scénario est, vendredi 11 février, celui choisi par au moins 50 000 personnes, selon les estimations du nombre de joueurs en temps réel réalisées par le site Steam Charts.

Vampire Survivors est un jeu indépendant, réalisé à l’origine par un seul développeur, qui ne coûte que 2,39 euros (une version plus rudimentaire est jouable gratuitement sur navigateur) et qui fonctionne sur n’importe quel ordinateur. Le joueur y incarne un personnage se retrouvant attaqué par des essaims de monstres – chauves-souris, zombies, momies, vampires – avec un objectif simple : survivre pendant trente minutes. En tuant des ennemis, le héros peut gagner des niveaux, puis acquérir de nouvelles armes ou améliorer celles qu’il possède déjà.

La beauté de Vampire Survivors réside dans sa simplicité : sauf rare exception, il n’est nul besoin de viser ni même d’être particulièrement habile de ses doigts. On n’utilise de toute façon que quatre touches : celles pour déplacer son personnage. Les armes, elles, se déclenchent toutes seules, qu’il s’agisse de la baguette magique lançant des boules d’énergie, de la bible menaçante tournoyant autour du joueur ou d’oiseaux bombardant les alentours. Le principal enjeu est donc de trouver les combinaisons optimales d’armes et d’améliorations pour faire face à des hordes d’ennemis de plus en plus féroces.

Des plaisirs simples

Au risque de tuer le suspense, n’espérez pas survivre pendant la demi-heure demandée dès votre première partie. La dizaine de monstres qu’il faut d’abord affronter se transforme vite, au bout de quelques minutes, en une cinquantaine d’ennemis plus retors et de « boss » imposants. A moins d’un énorme coup de chance, vous mourrez au bout de cinq, dix ou quinze minutes. Heureusement, il est possible de gagner après chaque partie les pièces qui permettent d’acheter des bonus et de nouveaux personnages : de quoi recommencer avec un léger avantage pour aller un peu plus loin qu’à la manche précédente.

A chaque niveau, des améliorations disponibles pour se défendre plus efficacement.

Comme d’autres jeux similaires (on pense notamment à The Binding of Isaac ou Hades), Vampire Survivors instaure vite une dimension addictive, où après chaque partie, le joueur est pris d’une subite envie de recommencer, pour voir jusqu’où il peut aller – et, surtout, chercher à devenir encore plus puissant. Car Vampire Survivors ne s’embarrasse pas de subtilités. Tout le plaisir vient de la possibilité de voir son personnage, au départ faible et à la merci du premier zombie venu, évoluer en un guerrier presque intouchable, combinant, à la façon d’un superhéros imaginé par un enfant, plus d’une demi-douzaine d’armes et de pouvoirs. En fin de partie, il n’est pas rare d’ailleurs que l’écran devienne presque illisible, rempli d’explosions, d’effets visuels et de monstres venant se heurter à des déluges de feu.

Un succès surprise

Vampire Survivors est aussi l’histoire d’un succès accidentel. Selon le magazine Vice, son créateur, le Londonien Luca Galante, cherchait simplement un nouveau projet communautaire à mener à bien, après avoir géré pendant des années un serveur de jeu de rôle multijoueur. « Tout ce que je voulais, c’est que ce jeu soit partagé par quelques joueurs, pour me donner l’occasion de travailler sur du contenu le week-end » en faisant des mises à jour ponctuelles, explique-t-il. Et à sa sortie, en décembre 2021, on pouvait effectivement parler de « quelques joueurs » : Vampire Survivors n’a pas rencontré un succès immédiat, végétant, jusqu’au début du mois de janvier, dans un relatif anonymat. Jusqu’à ce que SplatterCat, un youtubeur populaire, découvre le jeu et en fasse la promotion à ses abonnés.

Aujourd’hui, selon le site d’analyse Steam Spy, entre 2 millions et 5 millions de personnes ont acheté Vampire Survivors sur la boutique en ligne Steam. Nécessairement, les projets de Luca Galante ont changé du jour au lendemain. « J’avais commencé un nouveau travail la semaine dernière, j’ai dû démissionner hier : le jeu fonctionne si bien qu’il demande désormais toute mon attention », a-t-il expliqué, le 3 février, au magazine NME. Toujours en développement actif, Vampire Survivors est désormais régulièrement mis à jour avec de nouvelles armes, de nouvelles cartes et de nouveaux défis. Et autant de moyens d’occuper sa pause du vendredi après-midi.

En bref

On a aimé :

  • Un concept simple
  • Des parties rapides
  • Des armes variées
  • Une difficulté bien pensée

On n’a pas aimé :

  • Les parties s’arrêtent au bout de trente minutes
  • Il faut retourner travailler à la fin de sa pause

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous avez trente minutes devant vous
  • Vous avez 2,39 euros sur votre compte en banque

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous n’avez pas d’ordinateur
  • Vous avez un ordinateur, mais vous préférez les jeux profonds et contemplatifs

La note de Pixels

250 dégâts par seconde



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Catégorie article Jeux

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